Communication de Pr. MFUNI KAZADI au Forum Social de Nairobi, JANVIER 2007

La Guerre en RD Congo, le pillage de ses ressources naturelles et la politique du Fonds Monétaire International et de la Banque Mondiale.

I. La guerre d'agression de la RD Congo par les armées rwandaises, ougandaises et burundaises

Après avoir été soumis sous une dictature sanguinaire et féroce, de 1965 à 1997, par le dictateur Mobutu, le peuple congolais a cru en sa libération le 16 Mai 1997 suite la victoire des troupes issues de l'Alliance des Forces Démocratique de Libération appuyées par les Forces Patriotiques Rwandaises, les forces Armées Ougandaises et dans une certaine mesure des troupes Angolaises.

Mais au lieu de se retirer comme ce fut le cas de l'Armée Tanzanienne après leur intervention en Ouganda, après le facile renversement du Président Mobutu, le Rwanda et l'Ouganda ont continué à maintenir leur présence militaire sur l'ensemble du territoire congolais, montrant ainsi peu de signes de leur volonté de laisser les Congolais régler leurs problèmes internes. Ils ont nourri l'ambition de faire du Congo leur protectorat et n'ont pas mesuré la portée de la détermination du Président Laurent Kabila de réaffirmer son indépendance vis-à-vis d'eux et de celle de la majorité des Congolais qui ne voulaient pas de la présence de leurs troupes sur le territoire congolais.

Après avoir été informé des préparatifs engagés par le Rwanda et l'Ouganda de faire le coup à Kinshasa pour s'accaparer du pouvoir et placer leurs hommes, réalisant ce danger et le risque d'éclatement d'une nouvelle guerre à Kinshasa, le Président Laurent Kabila ordonnera, le 27 juillet 1998, aux soldats rwandais et aux nombreux étrangers qui accompagnaient ces troupes de quitter le territoire congolais. Quelques jours après avoir reçu cette demande d'évacuer leurs troupes, le Rwanda et l'Ouganda lanceront, le 2 août 1998, une attaque à Kinshasa pour renverser le gouvernement Kabila. Dans la prévision des agresseurs, qui avaient déjà largué leurs troupes à Moanda, Kitona et Matadi, cette opération devait durer cinq jours et tout au plus 1 semaine.

Bien que la précédente action contre le Président Mobutu ait été couronnée de succès, surtout grâce à l'adhésion de la population, cependant, l'avancée des troupes d'agression en direction de Kinshasa fut assez lente, et ceci suite à la résistance des forces fidèles au gouvernement et de l'opposition de la population. L'assaut inattendu des troupes aéroportées angolaises à Moanda et Kitona sous l'observation tacite d'un bateau de guerre américain qui assurait le relais des transmissions pour le compte des troupes d'agression mettra en débandade les positions restées sur place. Les grandes colonnes qui se dirigeaient en direction de Kinshasa atteindront les abords périphériques de la ville: c'est-à-dire: Mikondo, Masina, Ndjili vers mi-août. Les 25 et 26 août, elles engageront les opérations pour prendre la ville de Kinshasa. Mais elles seront défaites grâce à l'intervention des troupes Zimbabwéennes soutenues par la population civile congolaise. Cette agression montée sans le consentement de la population congolaise bien qu'avec avec l'appui d'une rébellion congolaise du RCD, créée deux semaines après l'invasion, ne réussira pas son pari.

Après cette défaite, les troupes d'agression et leurs alliés rebelles du RCD, concentreront leurs opérations pour le contrôle des provinces de l'Est du Congo: au Nord et Sud Kivu, et dans la province Orientale, notamment en Ituri et Kisangani. Elles s'attaqueront sérieusement à la population civile et causeront plusieurs massacres notamment à Makola, Kasika, Mwenga etc. Ces massacres étaient souvent précédés des scènes des tortures de toutes sortes, des viols des femmes et des condamnations aux travaux forcés.

Suite aux conflits d'intérêts, des contradictions apparurent au sein des troupes rwandaises et Ougandaises. Les deux armées s'affronteront dans la ville de Kisangani. Ces affrontements coûteront la vie à de nombreux citoyens congolais. Elles causeront la destruction des infrastructures routières, immobilières et des installations industrielles de la ville. Elles confirmeront la thèse avancée par le gouvernement congolais, selon laquelle, il s'agit bien d'une guerre d'agression ayant pour objectif l'exploitation des ressources naturelles du Congo et non due à la présence des groupes armés hostiles à leurs régimes respectifs qu'ils sont venus combattre. Dans certaines déclarations du président rwandais Kagamé, il affirmera haut et fort que les Forces de l'A.P.R. étaient au Congo en vue d'aider les Congolais à rétablir la démocratie que leur dénie le dictateur Kabila.

Cette guerre durera 5 ans est un véritable génocide. Les ONG internationales donneront les chiffres de 4,2 millions des Congolais tués ou morts suite aux blessures par balles, ou encore par manque des soins et de nourriture, ou suite aux tortures subies, à plus de 2,1 millions de personnes déplacées et près de 400 000 Congolais réfugiés..

La Missionary Service News Agency, (MISNA) organisme catholique basé à Rome, a indiqué que le Rwanda était en train de mettre en place des camps de concentration dans l'est du Congo, dans lesquels des travailleurs réduits en esclavage et amenés des prisons rwandaises étaient obligés de travailler dans des mines souterraines pour en extraire les ressources précieuses du Congo afin de les vendre aux Etats-Unis et à d'autres firmes étrangères. Même si le Rwanda a immédiatement nié ces accusations.

Les images publiées par le Ministère des droits humains de la RDC et reprises dans le plaidoyer du gouvernement congolais que je joins en annexe de ce message (pictures 1, 2 et 3) sont assez éloquentes. Elles démontrent et témoignent de la cruauté et de la monstruosité de ces massacres, de ces crimes de guerre et crimes contre l'humanité ainsi que des signes précurseurs au cannibalisme tant décrié par les ONG internationales.

La guerre donnera naissance à l'accord de cessez le feu de Lusaka, à l'assassinat du président Laurent Kabila le 16 janvier 2001 et au dialogue inter congolais de Sun City qui mettra en place le gouvernement et les Institutions de Transition auxquels prendront place certains criminels des mouvements rebelles depuis 2003 jusqu'aux élections actuelles de 2006.

Nous demandons que justice soit faite pour que les auteurs et commanditaires de ce génocide et de ces actes criminels odieux soient traduits en justice et, que les familles des victimes soient dédommagées. Nous apprécions la condamnation de l'Ouganda à payer les 10 milliards de dollars US, même si ce montant est en deçà du montant réel des dédommagements. Cependant nous demandons également aux experts et avocats renommés qui seraient présents à ce forum de nous aider pour que le Rwanda ne continue pas à échapper à la justice au motif de n'avoir signé aucun document reconnaissant l'autorité de la Cour Internationale de la Haye pour statuer en cette matière.

Le pillage et l'exploitation illicite des ressources naturelles de la RD Congo.

A la demande du gouvernement congolais, les experts des Nations Unies ont mené des enquêtes sur le terrain et dans les pays qui avaient des troupes sur le territoire congolais. Ces experts ont dressé un rapport qui fut connu sous le label du Rapport PANEL. Dans ce rapport les experts ont fait des déclarations suivantes:

1. Le conflit régional qui a fait converger les armées de sept pays africains (Rwanda, Ouganda, Angola, Namibie, Burundi, Tchad et Zimbabwe) vers la République Démocratique du Congo est alimenté par la convoitise des minerais, des produits agricoles, de la terre et même des recettes fiscales.

2. Le retrait des troupes rwandais, ougandais et zimbabwéennes ne réduira guère le contrôle économique qu'elles exercent sur les moyens dont ils disposent pour exercer ce contrôle, l'utilisation des armées nationales n'étant qu'un des multiples outils auxquels ils ont recours. Les régimes rwandais et zimbabwéens et en particulier des particuliers ougandais influents ont adopté d'autres stratégies pour maintenir en place, après le départ de leurs troupes, des mécanismes générateurs de revenus, dont de multiples activités criminelles.

3. Les Forces de Défense du Peuple Ougandais (l'Armée Nationale Ougandaise) continuent, comme par le passé, d'alimenter les conflits ethniques. Elles sont pleinement conscients que l'agitation qui règne en Ituri justifiera le maintien de la présence d'un nombre minimum de leurs membres. Le Groupe d'experts a la preuve que des officiers de haut rang des Forces de Défense du Peuple Ougandais ont prit des dispositions pour entraîner des milices locales et les constituer en force paramilitaire placée directement sous le commandement des F.D.P.U. Cette force paramilitaire sera capable d'assurer les mêmes fonctions qu'elles assuraient elles-mêmes lors de leur présence en RD Congo. Le contrôle exercé aujourd'hui par les ougandais sur les échanges commerciaux et les ressources économiques demeurera sensiblement le même. Bien qu'elles procèdent avec plus de discrétion que par le passé, les F.D.P.U. continuent d'armer les groupes locaux, de sorte que le départ des leurs forces n'ait qu'une faible incidence sur les activités économiques poursuivies par les individus qui agissent dans le Nord-Est du pays.

4. A l'instar des F.D.P. de l'Ouganda, en prévision du retrait de ses troupes, le Rwanda a mis en place des mécanismes de contrôle économique qui ne nécessiterait pas une présence clairement établie de l'Armée Patriotique Rwandaise. Les experts affirment avoir été informés des sources dignes de foi de l'initiative du chef d'état major Sylvain Mbuki, visant à réorganiser les forces du RCD-Goma de façon à intégrer un plus grand nombre d'hommes de l'Armée Patriotique Rwandaise. Au lieu de rentrer au Rwanda, un grand nombre de Hutus rwandais qui servaient dans l'Armée Patriotique Rwandaise, suite à la restructuration de l'armée en cours, de nombreux soldats de cette armée se sont vus remettre un uniforme et ont regagné des brigades de l'Armée Nationale Congolaise en tant que Hutus congolais. Des hommes d'affaires de Kigali sont venus prendre la place des directeurs congolais d'entreprises paraétatiques de façon à garantir des recettes régulières des usines d'approvisionnement en eau, des centrales électriques et des moyens de transport. Des bataillons de l'Armée Patriotique Rwandaise spécialisés dans la pose de mines sont restés sur place même en laissant de porter leur uniforme afin de poursuivre leurs activités sous couvert d'échanges commerciaux. Ils ont lancé une opération pour obtenir un grand nombre de passeports congolais.

5. Les experts ont affirmé qu'en réalité, le nombre de soldats de l'A.P.R. qui ont quitté la RD Congo ne représente qu'un infime partie de l'ensemble des troupes de l'A.P.R. stationnées en R.D.C., qui, selon diverses sources, comptent de 35 000 à 50 000 hommes.

A la lecture de ces témoignages des experts du PANEL, il n'est secret pour personne de comprendre que les conflits qui continuent actuellement en Ituri sont orchestrés par les milices congolaises à la solde des Forces de la Défense du Peuple de l'Ouganda.

De même troupes de la 82ième et 83ième brigades qui continuent à se rebeller et à perpétrer des troubles dans les territoires de Masisi et Rutshuru et plus particulièrement dans la localité de Sake, sous le commandement de Laurent Nkundabatware, feraient certainement partie des contingents de ces soldats de l'A.P.R. restés en RD Congo.

Contrairement aux Forces de Défense du Peuple Ougandais et à l'Armée Patriotique Rwandaise, les experts n'ont pas signalé la présence des réseaux criminels apparentés à l'Armée Zimbabwéenne qui s'évertuent à semer le chaos et à l'exploitation des ressources naturelles de la R.D.C. ainsi qu'il en est le cas en Ituri et au Nord Kivu.

Les données économiques du rapport des experts des Nations Unies sur le pillage:

Les données économiques du rapport des experts des Nations Unies donnent la confirmation de l'exploitation illégale des ressources naturelles de la République Démocratique du Congo.

L'Ouganda
L'or.
Les données officielles font paraître des discordances importantes sur le volume des exportations d'or qui est systématiquement supérieur à celui de la production. L'écart observé entre la production et les exportations pourrait avoir son origine dans l'exploitation de l'or de la R.D.C. La Banque Centrale de l'Ouganda aurait confié aux fonctionnaires du FMI que le volume des exportations d'or ougandaises ne reflétait pas le volume de la production nationale et que certaines exportations pourraient être imputables à des " infiltrations " provenant de la R.D.C. Elle a indiquée que la valeur des exportations de l'or effectuées par l'Ouganda est passée de 23 millions de dollars en 1995, contre 60 millions de dollars en 1996 pour atteindre 105 millions de dollars en 1997, ainsi que le démontre la figure ci-dessous.

Le diamant
L'Ouganda n'est pas producteur de diamants, mais subitement à partir de 1997 à 2000 elle a respectivement exporté 1 511.34 carats, 11 303.86, 11 024.46 et 9 387.51 carats pour une valeur en dollars de 198 302, 1 440 000, 1 812 500 et 1 263 385. D'après les experts des Nations Unies, ces chiffres sont sous-estimés, car certains indices ont démontré que l'Ouganda a exporté une plus grande quantité de diamants. En plus, les données récoltées par les experts auprès des sources tierces ont montré que l'Ouganda était devenu un pays exporteur de diamants.

Le niobium
Les données recueillies par les experts auprès de l'Organisation Mondiale du Commerce démontrent que l'Ouganda a commencé d'exporter du niobium à partir de 1997. La valeur de ces exportations exprimée en milliers de dollars est passée de 13 milliers de dollars en 1997 à 580 milliers en 1998 et à 782 en 1999.

La cassitérite
La production qui était nulle en 1998 est passée à 30 kg en 1999 et à 151 en 2000, tandis que le bois d'œuvre est passé de 1900 m3 en 1998 à 3 782 m3 en 1999 et à 3272 m3 en 2000.

Le Rwanda.
Le diamant
Les autorités rwandaises ont insisté que le Rwanda n'était ni producteur de diamants, de cobalt, de zinc, de manganèse ou d'uranium. Malgré cette déclaration, l'O.M.C., le Conseil supérieur du diamant et le Service des statistiques de la Belgique ont confirmé que le Rwanda a exporté des diamants voire figure en annexe.

L'or et la colombo-tantalite.
Le fait que l'accroissement de la production de ces 2 minerais soit intervenue à partir de 1997 au moment ou l'AFDL soutenue par les troupes rwandaises s'emparait du pouvoir à Kinshasa est révélateur (voir figure en annexe). Le rwanda contrôle toujours la société rwandatelle qu'elle avait créée au Sud Kivu du temps de la rébellion. Par contre des mesures sévères ont été prises contre la Sengamines qui a été obligée de fermer ses portes.

Le Burundi
Il est dit dans le mémorandum intérieur du FMI que le Burundi ne produit pas de l'or, de diamants, de colombotantalite, de cuivre, de cobalt ou de métaux de base. Mais il a été constate comme ce fut le cas de l'Ouganda et du Rwanda qu'il exporte des minerais qu'il ne produit pas en l'occurrence de diamants depuis 1998, cette date coïncide avec l'occupation de la partie orientale de la R.D.C.

L'Angola, la Namibie et le Zimbabwe
Pour ces trois pays invités par le gouvernement congolais dans le cadre des accords de la SADC pour défendre la souveraineté de la RDC agressée, sur base des sources tierces, les experts des Nations Unies ont fait savoir n'avoir observé aucune anomalie des statistiques disponibles relatives aux productions et aux exportations de ces pays. Ils affirmeront que "les statistiques faisaient apparaître des tendances relativement normales et n'ont pas révélées de comportements suspects."

Les compagnies étrangères qui ont été répertoriées comme ayant été associées à ces pillages sont au nombre de 187. Il y a eu également les noms des personnalités. Parmi celles-ci nous mentionnerons : La First International Bank of Grenada (FIBG), la Société Belge Diamond Corp, l'anglaise Oryx Natural Ressources, De Beers. Et parmi les personnalités, j'ai retenu Mr Victor Bout l'un des trafiquants internationaux d'armes et des matières précieuses qui collaboraient avec le Rwanda et le RCD/Goma. Il faut y inclure aussi International Diamond Industries qui avait obtenu le monopole d'achat et de vente de diamants de la RDC moyennant une promesse de versement de 20 millions de dollars dont il n'en a versé que 3 millions. Son contrat a été résilié par le président Joseph Kabila en avril 2001.

La comparaison entre budgets de la défense et dépenses militaires effectives

Des dépenses militaires du Rwanda
En ce qui concerne le Rwanda, les enquêtes des experts on démontré que le budget militaire du Rwanda pour l'exercice 2002 s'élevait à 70 millions de dollars. Sur l'estimation que le Rwanda disposerait d'un effectif de 25 000 hommes en R.D.C., et que les seules dépenses de transport et de personnel en R.D.C. s'élèveraient à 51,6millions de dollars par an, cette somme serait environ les trois quarts du budget officiel de la défense du Rwanda. Si on y ajoute la solde de (50 dollars par mois en moyenne) des 20 000 soldats stationnés au Rwanda, les experts ont constaté que la presque totalité du budget (63 millions de dollars) est consacrée à deux postes de dépenses. Or la présence en RDC implique d'autres dépenses. Tous les experts militaires consultés ont estimé que le budget officiel de la défense du Rwanda ne peut à lui seul permettre de financer la guerre et la présence de troupes en RDC. Le groupe d'experts ont alors partagé l'opinion du Président rwandais Kagamé, selon laquelle, le conflit en RDC est " un conflit qui s'autofinance ".

Des dépenses militaires de 'Ouganda
D'après les informations reçues par les experts des Nations Unies de la part des institutions de Bretton Woods qui surveillent les dépenses militaires de ce pays, son budget officiel de la défense s'élevait à environ 110 millions de dollars pour l'exercice 2000. Mais d'après les informations reçues par les experts, l'Ouganda avait dépensé environ 126 millions de dollars pour ses forces armées, soit environ 16 millions de dollars de plus que le montant inscrit au budget.

Des Dépenses militaires du Zimbabwe
Le budget global de la défense zimbabwéenne qui était observé être en diminution est passé de janvier 2000 de 15,3 milliards de dollars zimbabwéens à 13,3 milliards de dollars en 2001. Mais les experts ont constaté une augmentation de 3 millions de dollars des Etats-Unis par mois, soit 36 millions de dollars par an. Cette augmentation s'explique par le fait du financement apporté par le gouvernement de la RDC qui avait invité les troupes zimbabwéennes.

Des dépenses militaires de l'Angola et de la Namibie
Les experts n'ont constaté aucune anomalie dans les budgets militaires de ces deux armées qui avaient très peu d'effectifs sur le sol congolais. Au contraire, pour la Namibie par exemple, son budget est resté stable depuis 199 (24 millions de dollars namibiens) en dépit de l'aide apportée par la RDC. Et le collectif budgétaire de l'Armée Namibienne est descendu de 89 millions de dollars namibiens en 1999 à 76 millions en 2001.

La politique des Institutions de Breton Wood (Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International) juste après l'assassinat de L.D.K en 2001

Les deux Institutions de Bretton Woods se sont constitués en concepteurs de la politique économique du Gouvernement de Transition. Ce sont elles qui ont élaboré le Programme économique du Gouvernement (P.E.G.). Le PEG est mis en place, avec l'approbation du FMI, dans le cadre d'une meilleure exécution des politiques et des mesures décrites dans le document des Stratégies Intérimaires de Réduction de la Pauvreté (DSRP-I) et de l'initiative dite des Pays Pauvres Très Endettés.

Le DSRP-I a pour objectif essentiel la stabilisation macroéconomiques et la libéralisation de l'économie. Cette stabilisation devrait passer par l'assainissement de l'environnement macroéconomique ; c'est-à-dire :
- à maîtriser l'inflation et les dépenses budgétaires et permettre la libéralisation.
- au pilotage de l'économie vers une protection de l'investissement privé qui conduirait à l'incitation à l'épargne privé qui permettrait l'élargissement fiscale, donc la croissance qui est qui est prévue à 8,1% annuellement en 2009 pour une inflation de 5% à partir de 2009. Ce qui conduirait à la réduction de la pauvreté.
- à la promotion de l'activité du secteur privé pour promouvoir l'emploi et permettre d'avoir une politique salariale.
- A la réhabilitation des routes et des infrastructures.

A y voir de plus près les réformes macro-économiques formulées dans le DSRP-I ressemblent fort aux Programmes d'Ajustement Structurel (PAS) qui ont fabriqué la pauvreté depuis plus de 20 il y a plus de 20 ans dans les pays du Tiers Monde.

Quant à l'Initiative PPTE, elle décrit les nouveaux mécanismes de remboursement de la dette moyennant des allègements sur le stock de la dette en application des accords de Naples. Le gouvernement congolais s'est engagé à rembourser la dette odieuse et illégitime laissée par le régime dictatorial de Mobutu et dont le stock fut évalué à 12 456 330 000 de dollars en 2001.

La première phase consiste à rembourser la dette multilatérale, celle due au FMI et à la Banque Mondiale. La RDC n'ayant pas d'argent, les experts de ces deux Institutions ont eu recours aux mécanismes de restructuration financières et des allégements à travers une opération de " consolidation " qui consiste à rembourser les arriérés impayés et impayables. Ainsi pour pouvoir rembourser les arriérés dus au FMI, la RDC s'est endetté auprès de quatre pays (Afrique du Sud, Belgique, France et Suède) qui ont accepté de lui prêter le montant nécessaire à un taux concessionnel de 0,5%. Dans le même temps, la Banque Mondiale a octroyé un crédit à la RDC pour que ce pays liquide les arriérés à son égard.

Après analyse, nous pouvons dire que la RDC a troqué les arriérés de ses dettes par une nouvelle dette à l'égard de ces 4 pays et auprès de la Banque Mondiale. Ce qui est un cercle vicieux et un véritable cynisme de la part des institutions de Bretton Woods.

La seconde phase a consisté à rétablir les mécanismes de remboursement de la dette bilatérale ; celle due aux quatorze pays créanciers de Club de Paris, de Club de Londres, de Kinshasa et autres qui fut évalué à 10,3 milliards de dollars US. Après l'application des accords de Naples, le stock total de la dette évalué à 12 456 330 000 au 31/12/2001, fut réduite à 9, 635 milliards de dollars.

Le constat après 5 ans d'application des stratégies DSRP/PPTE :

- La précarité des Congolais au regard de l'indice de Développement Humain (IDH) publié par le PNUD était de 0,18$US/jour en 2004 et la RDC était placé 168 dans l'échelle des pays du Monde; - Le chômage atteint plus de 95% de la population active ;
- La population est complètement soumise à un déficit alimentaire chronique, et cela à la suite de l'insuffisance d'investissement dans la production agricole locale et des hausses spectaculaires des prix des produits de base de première nécessité, due à une inflation galopante qui est passée de 430 Francs congolais pour un dollars en janvier 2006 à 530 dollars aujourd'hui.
- Le budget réservé aux soins de santé est d'environ 0,1% du budget total.
- Les maladies endémiques, jadis éradiquées telles que la tuberculose, la trypanosomiase et la lèpre ressurgissent avec grande ampleur, la malaria fait de ravages au sein de la population, le SIDA et de nouvelles épidémies du genre peste pulmonaire font surface.
- l'espérance de vie qui est passée aujourd'hui de 53 ans à 47 ans.
- Plus de 95 % de la population active se trouvent au chômage. Et la liquidation actuelle de la plupart des petites et moyennes entreprises accroît davantage ce phénomène.
- Les fonctionnaires notamment, les agents de l'administration publique, les militaires, les policiers et les enseignants de tous les cycles d'enseignement confondus ont un salaire de misère et ne sont même pas régulièrement payés. Les agents de certaines entreprises par étatiques totalisent plus de 5 ans d'impaiement.
- Les privatisations des entreprises publiques à l'instar de la Générale des Carrières et de Mines (GECAMINES) ont entraîné le licenciement massif des travailleurs. L'opération dénommée Départ Volontaire ont mis plus de 10 655 travailleurs à la touche sans pension et moyennant un petit solde.

En résumé, le Congo Démocratique reste un pays sous perfusion. Plus de 53 % de son budget est financé par l'extérieur. Et de ce financement, 25 % est réservé au remboursement de sa dette extérieure.

D'après les chiffres donnés par l'Office de Gestion de la Dette Publique (OGEDEP) ; le stock de l'ancienne dette de la RDC qui fut évalué à 12 456 330 000 de dollars le 31/12/2001 2001 et réduite à 9,617 620 000 de dollars au 31/12/2002 et de à 9,935 030 000 de dollars au 31/12/2003 n'a fait qu'augmenter à partir du 31/12/2004. Elle a €té chiffrée à 10.449 760 000 de dollars et elle est passée à 10 564 770 000 au 31/03/2005. Et ceci malgré l'application des stratégies prétendues salvatrices de DSRP/PPTE qui ont été mises en place il y a six ans par la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire internationale. Dans ces chiffres, nous n'avons pas tenu compte de la nouvelle dette que nous avons estimé à 2 152 000 000 de dollars en mars 2005. Vers la fin de l'année 2006, le ministre du budget du gouvernement de transition avait livré le chiffre de 14 milliards de dollars pour le stock global de la dette de la RDC.

D'après l'OCDE, " la mise en œuvre intégrale de cette initiative ne se traduira pas, par une diminution de la valeur nominale de la dette, car les allègements prendront pour l'essentiel la forme de remises d'intérêts et de dons destinés à financer le service de la dette, et non de réductions directes et de l'encours de cette dette ".

La CNUCED et la Commission des droits de l'homme de l'ONU parlant de la RDC disent ce qui suit, " dans ce pays, dévasté par plus de trente années de dictature, par les deux guerres et où règne la malnutrition chronique, les projections strictement macro-économiques liées à l'initiative PPTE et aux conditionnalités des IFI sont contraires aux intérêts de la population congolaise. Ce dernier avatar des Institutions financières internationales ne prend pas en compte l'aspect social, pour ne retenir que l'aspect financier. C'est une solution de financiers à un problème financier, rien d'autre ".

Parlant de l'avenir du Congo, " la Banque Mondiale a calculé qu'avec 7% de croissance en moyenne, il faudrait 60 ans pour que le pays revienne au niveau social qu'il connaissait en 1960 ! ".

En d'autres termes l'initiative PPTE est une illusion. Prétendre rembourser la dette et investir dans le développement paraît une adéquation impossible. Les mécanismes de restructurations financières et des allègements prônées par une opération de " consolidation ", c'est-à-dire en remplaçant les arriérés impayés et impayables par de nouvelles dettes à un taux d'intérêt "concessionnel" de 0,5%, consistent concrètement à troquer ses arriérés multilatéraux (RDC) contre une nouvelle dette à 0,5% due au FMI et à la Banque Mondiale.

Les institutions de Bretton Woods se sont évertuées :
- à la mise en place de la politique de globalisation à travers la déréglementation et dé régularisation de l'économie. Ils ont donné des injonctions sur l'orientation et la formulation des termes des réformes des structures économiques existantes.
- au financement de la création du service de cadastre minier qui opère d'une manière parallèle et comme un service autonome en face du Ministère des Mines.

Le FMI est à la base de l'introduction du contenu libéral dans le code d'investissement qui changent les règles en matière d'investissement. Les investisseurs congolais sont mis sur le même pied d'égalité que leurs collègues étrangers qui ont la facilité d'obtenir des crédits dans des banques de leurs pays. De même, les investisseurs sont mis sur le même pied d'égalité quels que soient la hauteur de leur investissement. Les équipements d'occasion valant un montant supérieur à 200 000 dollars Us sont exonérés. La tenue des commissions interministérielles est supprimée pour permettre la validation de contrats. A la place, celle-ci est mise sous la responsabilité des ministères de tutelles. Ce qui favorise la validation des contrats léonins par le canal de versement des pots de vins. Les investisseurs sont autorisés de rapatrier le total des bénéfices qu'ils réalisent, ce qui permet la fuite des capitaux.

C'est la Banque Mondiale qui a financé l'élaboration des nouveaux codes minier et forestier. Ces codes octroient des faveurs démesurées aux investisseurs étrangers au détriment de l'Etat congolais. Sur base d'un pseudo investissement, les investisseurs étrangers peuvent acquérir des installations et des concessions minières appartenant aux entreprises publiques en s'octroyant jusqu'à 90% d'actions. Ils s'accordent même à l'octroi des gisements importants au prix d'un dollar symbolique.

Le cas des gisements de cuivre, cobalt de Tenke Fungurume appartenant à la Gécamines et jugés être les plus riches du monde ont été octroyés à une société étrangère moyennant des pots de vin. Ce qui fait frémir la population congolaise aujourd'hui.

Toutes ces réformes avaient pour objectif de favoriser des investisseurs sans tenir compte des normes de l'OCDE exigées dans les pays de l'Union Européenne dont ils sont pour la plus part originaires et sur base des visions ultralibérales.

Des concessions minières et forestières qui sont cédées en deçà de leurs prix réels et sans tenir compte des facteurs liés à l'environnement. Ce qui permet de dire que les réformes mises en place par le FMI et la Banque Mondiale en RD Congo ont eu comme conséquence :

- le bradage de l'économie due: aux mécanismes des investissements fictifs et pseudo investissements (le cas du partenaire jouant sur plusieurs tableaux : celui de promoteur, de prêteur et d'actionnaire majoritaire sans investissement réel), à l'exploitation illicite et éhontée des ressources minières et forestières du pays et à la fuite importante des capitaux, à l'abandon et à la détérioration des certaines installations octroyées aux investisseurs n'ayant pas de moyens suffisants et la capacité de les structurer et les rendre opérationnels, comme c'est le cas des carrières miniers de Musoshi octroyées à Forrest et actuellement totalement inondées,

- à la destruction de l'écosystème qui se manifestent par des érosions et des éboulements fréquents dans les sites d'exploitation diamantifères produisant au passage la destruction des immeubles et les peu d'infrastructures routières existantes; phénomènes qui sont fréquents à Tshikapa au Kasaï Occidental et à Mbuji Mayi au Kasaï -Oriental, pour lesquels les derniers effondrement des maisons dans les contrées de Makela en sont des preuves tangibles.

- La pollution des eaux des rivières ; sources de captation et d'approvisionnement de l'eau potable pour la population habitant dans les environs des sites exploités.

A cela nous devrions ajouter le projet de marchandisation des eaux du fleuve par la construction d'un pipe line par le captage et le détournement de ces eaux à partir de Lisala et leur acheminement en Arabie Saoudite et dans les autres pays d'Asie en pénurie d'eau potable et cela en dépit des observations des spécialistes sur les conséquences de cette opération sur l'ensemble de l'écosystème.

La corruption fait rage. Elle frappe la quasi-totalité d'institutions et services du pays. Elle a engendré le disfonctionnement de l'appareil judiciaire et favorisé l'impunité et les injustices. Les détournements des deniers publics sont devenus monnaie courante.

Les agents de la police et les militaires ne constituent pas une garantie pour la sécurité des citoyens, mais font plutôt peur. La plupart des vols à mains armées et les viols sont orchestrés soit par ces derniers encore en opération, ou par les anciens militaires. La ville de Mbuji Mayi enregistre jusqu'à 40 personnes tuées par semaine.

MFUNI Kazadi
Coalition Dette Extérieure